L’apprentissage

Les Australiens rencontrés au départ de l’aventure m’avaient prévenu, la succession des trois forêts à venir après la plage serait certainement l’une des étapes les plus compliquées du Te Araroa (TA). Ces forêts sont à l’origine de l’abandon de beaucoup de personnes. À priori, j’étais un peu sceptique à cette annonce. En effet, la monotonie de la plage allait être remplacée par la diversité et la verdure des forêts. Le couvert végétal nous protègerait du soleil, les épaules commencent à s’habituer, bref la motivation n’en serait que décuplée et rendrait ce passage encore plus agréable. Mais la veille de mon départ, après deux jours de repos pour réparer mes pieds, un nouvel avertissement se présente. Je fais la rencontre de trois Français apparemment de retour à l’auberge. Je comprends vite qu’ils ont rebroussé chemin. Je vais donc à la pêche aux informations. Effectivement, ils laissent tomber le TA et rentrent sur Auckland se trouver un van…. changement radical.

J’apprends qu’ils ont fait ce choix à l’issue de la traversée de la première forêt. Il y en a 3 à traverser avant la prochaine ville. Je me demande bien quelle difficulté peut à ce point faire vaciller des personnes motivées, surtout en groupe. Il me semble que lorsqu’on se lance sur un chemin de 3000km on s’apprête à vivre un certain nombre de difficultés. Apparemment, le chemin est boueux, glissant, plein de racines et ils se sont fait peur, spécialement 2 d’entre eux. Je comprends que le 3ème aurait bien aimé continuer. Voilà une des raisons de mon départ en solitaire, toutes ces épreuves tu les vis seul, mais au moins si tu dois t’arrêter, c’est que tu auras atteint tes propres limites. Le point d’arrêt ne sera pas guidé par le groupe. Je suis donc prévenu, ça ne devrait pas être une simple promenade en forêt.


Mardi 5 Décembre : Herekino Forest (22km / 540m D+)

Une certaine appréhension m’anime au moment de rechausser les chaussures de marche. Si cette forêt est capable de mettre sur la touche des gens en parfait état, alors qu’en est-il si l’on a mal aux pieds ? Mais j’ai eu la nuit pour m’y préparer et après 2 jours d’arrêt, il me tarde de me remettre en route. Je prépare les pieds avec ce que j’ai trouvé en pharmacie, je les rentre dans les chaussures et je serre l’ensemble. À première vue j’y suis plutôt bien, la grosse ampoule a séché, seul le petit orteil occasionne toujours une gêne légère. C’est parti pour 8 km de bitume. Très satisfait par mes sensations, le poids du sac allégé devient supportable, je suis entre 15 et 20kg. À 9h, je suis devant le panneau indiquant le sentier sur la gauche, droit dans la forêt.

 

Je pénètre alors dans une forêt très dense, elle me donne tout de suite l’impression d’une forêt du jurassique avec ses énormes fougères, des lianes et ses arbres gigantesques dont l’emblème est le « Kerikeri ». Le sentier te fait de suite rentrer dans le vif du sujet, des pseudo marches remplies de boue sur 1 km de montée à pic, tes cuisses te font comprendre qu’il va falloir diminuer le rythme, tes épaules chargées elles aussi, grincent. Mais hormis cela et un tendon d’Achille un peu douloureux à gauche, je profite de cet environnement nouveau au maximum.

 

Quelques points de vue et un ciel dégagé me permettent d’apercevoir au loin le Cape Reinga ; six jours se sont déjà écoulés depuis mon départ. Ce n’est pas grand chose 120km à pied, mais une certaine fierté de les avoir parcourus m’anime. J’ai en effet déjà dû produire de gros efforts pour en arriver là. Et puis l’instant d’après, tu penses au fait qu’il t’en reste encore 2880 km, et tu reprends ta route.

À 14h j’ai fini de traverser la forêt, le regard se porte alors sur la vallée et en contrebas, à une centaine de mètres, est indiquée une petite cabane où dormir. Tu as dans ces cas toujours un gros dilemme à résoudre : est ce que je vais plus loin au risque de ne trouver ni ruisseau, ni place sympa où mettre ma tente, tout cela de manière à m’avancer sur la transition entre les deux forêts, ou bien est ce que je m’arrête là pour profiter d’un bon lit et d’un toit?

Je décide pour y répondre de poser mon sac, de prendre ma gourde et de m’approcher de l’ouvrage. C’est une famille de fermiers qui l’a construite pour les randonneurs, ils y ont amené l’eau, ont disposé des lits à l’intérieur et même aménagé des toilettes et une douche en extérieur. Bien que rustique, tout le confort est là. De plus, il a fallu livrer de gros efforts dans cette forêt et n’ayant pas réellement mangé, je décide de m’arrêter. La grosse journée sera pour demain. Je profite de l’endroit à flanc de colline donnant sur des prés verts, parsemés de vaches. Il me semble être dans ma campagne française. Il est bon de sentir cette atmosphère familière malgré le sentiment nostalgique qu’il fait naître. C’est aussi cela la beauté du voyage, car comme une sage le dit si bien, « c’est dans l’ailleurs que l’on comprend la profondeur du lieu où l’on est né ». Tu apprécies d’autant plus les choses lorsqu’elles t’ont manqué. L’habitude additionnée à nos rythmes effrénés nous font perdre de vue cette notion, celle de prendre le temps de voir et de profiter des choses qui nous entourent, aussi simples soient-elles. Ce genre de voyage, j’en reste persuadé, permet cela. Prendre conscience de ta chance, savourer ce qui t’entoure et arrêter ce sentiment constant que j’appelle la « blasitude »!!! tu sais celle qui te pousse à toujours en vouloir davantage.

Aujourd’hui, ma salle de bain n’a pas d’eau chaude, n’a pas de baignoire, n’a pas de carreaux esthétiques avec faïence en porcelaine, elle se résume à deux palettes faisant office de support, deux planches pour poser savon et vêtement, aucune vitre de séparation mais elle dispose d’une vue imprenable sur le vallon, elle t’offre le plaisir d’être nu en extérieur, les rayons du soleil réchauffent ta peau vivifiée par une eau à 10° et le bien-être ressenti est incomparable puisque tu ne t’attendais à rien. Se doucher dans ces conditions est devenu un luxe.

Aujourd’hui, je n’ai pas de toilette dernière génération avec eau courante, ni de porte que je peux fermer à double tour, mais un trou surplombé par des tôles, et des planches de bois pour faire office de support. Pour seule porte, je dispose d’une tapisserie naturelle, celle de toute la vallée qui s’ouvre à moi. La preuve en vidéo

Je ressens comme une métaphore de notre société dans cet endroit : à trop vouloir s’enfermer, se cloisonner, on se coupe de son environnement dans son sens le plus large. Ouvert aux quatre vents, tu n’as pas d’autre choix ici que de t’ouvrir à ce qui t’entoure. Quel sentiment de liberté!


Je passe le reste de l’après-midi à lire, entrecoupé par la visite des enfants des propriétaires. On sent vite qu’ils sont habitués à voir passer du monde, ils s’approchent très facilement, sont curieux, te posent des questions et te donnent plein d’informations sur l’étape à venir. Le plus jeune me demande si j’ai suffisamment de nourriture sans quoi il ira en demander à sa mère. Je fais part de mon projet d’étape au plus âgé. Je souhaite traverser toute la seconde forêt d’un trait, sauf qu’il y a 15km d’approche à faire sur des terrains vallonnés depuis la cabane. Il me répond de suite que c’est impossible dans la journée avec un sac de rando. Ceux qui me connaissent le savent, je ne suis pas un adepte du « c’est impossible ». Mais les locaux connaissent bien les terrains et la première forêt a déjà été difficile alors je me dis que je verrai bien. Nous sommes 3 ce soir-là, Toby l’Australien et un Allemand, Félix sur le chemin pour quelques jours. Suite à mes échanges, je décide de mettre mon réveil à 5h.


Mercredi 6 Décembre : Raetea Forest (32km et 1420m D+, 1570 D-)

5h, le réveil sonne mais je ne sens aucune envie de me lever. Je continue ma nuit jusqu’à 6h30. Pour le départ super matinal c’est loupé, mais bon, je ne fais que ce que j’ai envie, c’est l’avantage. Départ du camp pour les 3 personnes à 7h45. Je savais que j’avais le pas plus rapide que Toby, c’est aussi le cas par rapport à Félix. Pour la première fois, il n’y a pas vraiment d’étape type et je pense que Toby n’ira pas aussi loin. On le sait tous les deux ce sont peut être les derniers moments ensemble, lui avec qui j’ai commencé tout ce début d’aventure. On se sert la main en se souhaitant bonne chance. Sur ces mots, je me remets à mon rythme et m’éloigne d’eux rapidement. Je le sais, je suis parti tard, j’ai une longue distance à faire et beaucoup de dénivelé, je me mets alors sur le rythme rapide. Je boucle les 15km en 3h en prenant une ou deux pauses pour me sortir du soleil de plomb. La difficulté de cette forêt réside également dans l’impossibilité de recharger en eau. Tu ne peux que 5km avant et 5km après. Je fais le plein dans le dernier cours d’eau (3l), voilà tout ce que j’aurai pour faire les 17km et 1100m de D+ jusqu’au prochain cours d’eau. Je force encore le pas. Sur les derniers kilomètres menant sous le couvert végétal, la route s’élève inexorablement.

Au bout de celle-ci, je rentre sur un chemin sinueux sur lequel se trouve de-ci de-là des zones boueuses voir très boueuses. Il est 11h. Elles m’obligent à ralentir le pas.

Si je veux éviter de m’enfoncer jusqu’au tibia, il faut trouver la trace offrant à mon pied le meilleur support. Il peut s’agir d’une branche, d’une racine ou d’un chemin dérobé. J’en passe une, puis deux puis trois…. en me disant qu’une fois que la pente va vraiment s’élever je n’aurai plus à éviter cette boue. Après un kilomètre, je rentre dans la forêt, le chemin se rétrécit, la pente s’élève et pourtant, tout reste toujours aussi boueux. J’ai la volonté d’avancer rapidement et tente par tous les moyens de m’extraire de chacun des pièges de boue. Les bordures de ces zones sont en angles et sont glissantes (bien sûr je ne suis pas le premier à passer cette année et tout le monde est passé au départ par le côté, créant ces rebords sur lesquels tu ne peux pas passer sans glisser).

Pour ne rien arranger, le chemin est jonché de racines enchevêtrées les unes dans les autres. Lorsque c’est possible, j’utilise mes bâtons pour faire contre-appui. Pendant ce temps, mon corps est en diagonale au-dessus de la flaque de boue avec mon sac de 15-20kg sur le dos. Lorsque j’ai de la végétation autour, ma main sans le bâton porteur, vient assurer la prise sur les troncs. Risqué, mais j’arrive de cette manière à passer en limitant la boue sur mes chaussures. Au moins mes pieds restent au sec.

Dans les premiers temps, je me convaincs que la situation va s’améliorer et je cherche à relancer après chaque passage boueux. Mais voilà, à peine je suis sorti d’une zone que je tombe 20m plus loin sur une nouvelle. Vous doublez cela avec la pente de la montée et le poids du sac et vous comprenez les efforts nécessaires pour faire chaque pas dans cette forêt. Après 3km parcourus en 2h je comprends que les 14km restants jusqu’à la sortie de la forêt seront difficiles à réaliser dans la journée. En effet je comptais me rattraper sur les descentes mais au final, nous sommes dans le même environnement. Au-delà de la fatigue physique, cette forêt demande une attention à 200%. Si monter dans de la boue et des racines est déjà difficile, je vous laisse imaginer la descente avec le sac de rando. Un petit aperçu. Toutes les conditions sont réunies pour te casser 3 jambes, te fouler 18 chevilles et tout cela dans une forêt où tu ne trouves pas d’eau. Je redouble de vigilance, et tomberai malgré tout 3 fois dans la journée en glissant. Heureusement aucune blessure.

Au sommet le plus élevé, j’ai parcouru 5km en 3h30. Il est 14h30 et il faut que je mange pour retrouver de l’énergie. Je repars 20mn après. Les efforts sont surhumains et m’obligent à des pauses régulières. Je me demande comment vont les deux compagnons du début de la journée. En route j’ai croisé des micros spots où je pourrai poser la tente en cas. Avec Toby nous en avions repéré jusqu’au km 26, après cela il faudra sortir de la forêt pour disposer d’un coin où s’installer. L’heure avance et je regarde le chemin qu’il me reste à parcourir. Je passe les spots de camping en me demandant si je m’y arrête, notamment le dernier vers 17h. La nuit tombe plus vite en forêt et je ne souhaite pas affronter ces conditions à la frontale. Et puis à 17h30 le chemin s’élargit à nouveau, les flaques de boue se font plus éparses. Je remets les gaz, il me reste 7km à parcourir. Une dernière montée légère suivie d’une descente abrupte toujours aussi dangereuse et me voilà rendu dans un champ.

Je suis sorti de cette forêt et j’atterris sur un plateau surplombant toute la vallée. Ma récompense de la journée est donc là, elle valait bien l’ensemble des efforts fournis. La preuve en vidéo

Le soleil est maintenant très bas. Il est 19h15 et mon corps est complètement vidé de son énergie. Je mets les dernières forces que j’ai à monter le campement, à m’étirer et à me préparer à manger. II me reste 0,3l pour tenir jusqu’au lendemain. Toute la journée il a en plus fallu gérer cette quantité d’eau dans le camelback, que je ne voyais pas. Descendre mon sac, l’ouvrir, sortir mes affaires pour regarder le niveau d’eau lorsque mon corps est si fortement sollicité par ailleurs, n’est pas chose simple surtout lorsque tu es entouré de boue. Je ne l’ai donc vérifié que sur la pause du midi et ai géré mes prélèvements le reste du temps. Et même si je m’endors ce soir peut-être pour la première fois avec ce sentiment de soif légère, j’ai le minimum pour me permettre de tenir jusqu’à la prochaine source à 5km. La cuisine se fera donc ce soir sans eau (avocat, thon, tortilla, pomme, chocolat noir). Au moment de me coucher, j’ai bien l’impression d’avoir passé la journée la plus difficile physiquement de toute ma vie. Il n’y a pas de douche possible ce soir, heureusement le sac à viande et mes affaires propres protégeront mon duvet ?.

Je m’endors en repensant à ce jeune m’ayant annoncé l’impossibilité de tout faire dans la journée, j’aimerais lui dire que si, ça l’est. L’important est de procéder pas après pas et d’être en mesure de s’adapter à tout moment. Je n’aime pas cette expression trop répandue « c’est impossible ». Je vous l’ai dit je crois !


Jeudi 7 Décembre : Transition et nuit dans Homahuta Forest (22km – 350m D+)


J’avais prévu de garder une étape plus soft pour récupérer des efforts de la veille.
Départ à 8h15 le matin, je plonge dans la première rivière trouvée, recharge en eau et prends mon petit déjeuner sur place. Le chemin continue le long d’une nationale, je ne prends pour le coup aucun plaisir à côté des voitures et camions lancés à 100 km/h. Je pense que si je recroise des sections de voie rapide, je m’imposerai de faire de l’autostop. Au bout, un petit « restaurant » à la mode Néo Zélandaise, c’est-à-dire burger ou Fish and chips au menu. Je prends la totale : burger œuf, coca, glace. J’ai besoin d’envoyer du lourd à l’estomac.

Pendant l’attente du burger, un marcheur se rapproche en venant de la direction opposée. Un nouvel abandon. C’est un kiwi (Néo Zélandais). De son côté c’est le talon d’Achille qui a gonflé. Cela me fait penser au mien que je ressens à chaque pas. Je lui demande de me montrer le sien. Il est effectivement gonflé, je le compare avec le mien et je me dis que j’ai encore de la marge. Sa famille vient le chercher. Un sacré avantage d’être un local. Je repars 1h après et enchaîne les 12kms me séparant du lieu où je pourrai poser ma tente en pleine forêt. Ce soir encore je suis en solitaire, entouré par une végétation dense. J’essaie de récupérer pour l’étape du lendemain et prends du temps pour moi : lecture, écriture.


Vendredi 8 Décembre : Homahuta et Puketi Forest (26km – 700m D+)

 

Au réveil je sens toujours ce talon gauche. Je range mes affaires et fais une séance d’étirements avant de me lancer. Après 7km, le sentier est descendu tout en bas de la vallée, 3km devront être parcourus dans l’eau. Je décide de chausser mes sandales et porter mes chaussures de marche afin de garder les pieds au sec une fois ce tronçon terminé. Un petit aperçu.

 

Et puis soudain, une fusée s’approche, un Néo Zélandais. Lui a gardé ses chaussures de trail qu’il porte pour faire le sentier. Il a un petit sac qui semble assez léger. Je me mets dans son pas le temps d’échanger un peu mais après 10mn c’est trop risqué avec mes sandales dans les galets de la rivière et son pas est vraiment rapide. Une vraie machine. Il ne semble pas être là pour admirer le paysage! J’apprendrais le soir en arrivant une heure après lui au camping qu’il a couru des Iron Man pour le compte de la Nouvelle Zélande il y a 4ans. Apparemment, il n’a presque rien perdu!

Ce passage dans le cours d’eau a vraiment fait du bien à mes pieds et au moment de rechausser, je décide de ne pas serrer la partie supérieure du pied gauche de manière à laisser plus de flexibilité à mon talon dans la chaussure. Je crains en effet, que la forme de la  chaussure combinée à un laçage trop intense contraigne le talon dans une mauvaise position. Tant pis pour le maintien de la cheville il faut que je trouve une solution pour améliorer la situation. Je me lance donc dans la montée et enfin, il n’y a ni boue ni végétation trop intense, seule les racines et le tracé en flanc de pente obligent à la vigilance. Un vrai chemin de forêt comme on les aime! J’en profite. Après 16km j’arrive au camping où je retrouve le speedy Gonzales Néo Zélandais. Les forêts du Nord sont maintenant derrière moi, une grosse étape a été franchie avec ces difficultés. Et puis j’atteins ce jour le cap des 200km en 7,5 jours effectifs de marche.

Je suis donc dans mon timing. Oui mais voilà, en venant ici faire ce projet je souhaitais m’affranchir d’une chose, le temps. Or, il me rattrape, j’y pense tous les jours car ma fenêtre est serrée pour atteindre Bluff. Je me rends compte que je n’aurai pas le temps, si je me sens bien à un endroit, de prendre quelques jours sur place. Et je ne suis pas là pour avoir des contraintes de temps. J’ai donc pris la décision de prendre un bus à Kerikeri de manière à me rendre directement au sud d’Hamilton. Cette section est certainement la plus monotone du TA avec la traversée de nombreuses villes (150km rien qu’entre Auckland et Hamilton) et de nombreux passages routiers. Je vais, de cette manière, gagner environ 650km sur le trajet. Voilà qui devrait être suffisant pour m’affranchir de cette contrainte. Avec les 220km parcourus, il me restera donc un peu plus de 2100km à réaliser jusqu’à fin Mars. Non négligeable déjà !


Samedi 8 Décembre : Puketi Forest à Kerikeri (22km – 400 D+)

À première vue cette journée était une transition jusqu’à la ville et ne devait pas être si intéressante. En réalité, elle m’a réservé bien des surprises. Tout d’abord, la traversée de la campagne vallonnée Néo Zélandaise, alternant entre les élevages de bovins et de moutons (les tout premiers que je croise). Tu espères en passant à côté des taureaux qu’il ne va pas leur prendre une poussée de testostérone. Je pense qu’ils ont senti que je n’étais pas à la hauteur pour faire un tête contre tête, et ils m’ont finalement laissé passer sans encombres. La musique « The fellowship of the ring » passe pendant cette traversée; mais cette fois, ce n’est pas une illusion de l’esprit ou une image que je perçois, c’est bel et bien un paysage sur lequel peut se poser mon regard.

La deuxième surprise concerne la gentillesse des voitures croisées le long de la petite route suivie sur 5km après ces farms lands. Tous te disent au moins bonjour de la main, ralentissent à ton niveau pour te faire moins de poussière, certains s’arrêtent même spontanément pour te demander si tu as besoin d’être déposé quelque part. Ici l’autostoppeur pourrait se targuer d’avoir le choix du type de modèle dans lequel il veut monter. Enfin, une énième voiture se porte à ma hauteur. À travers sa fenêtre une femme m’annonce « ma fille m’a demandé de vous proposer une pomme, est-ce que vous la voulez? » Il ne faut pas me le dire 2 fois. Surtout vers 10h du matin après 2h de marche. Je prends la pomme et la remercie chaleureusement ainsi que sa petite fille a l’arrière du véhicule ! À la vôtre. Aaah, des fois, heureusement que les enfants sont là pour pousser les grands dans la bonne direction. À partir de ce moment, je me suis promis de ne plus jamais négliger le fait de donner un petit quelque chose aux randonneurs, tant l’instant est savoureux.

 

 

 

Et puis en arrivant sur Kerikeri, le tracé suit la rivière. On ne soupçonne rien jusqu’au dernier moment, lorsqu’un bruit assourdissant de chutes d’eau se fait entendre. Une cascade magnifique creusée dans la roche calcaire se présente alors à nous. Une autre belle surprise de cette journée où je n’attendais pas grand chose. C’est l’avantage, être dans l’inconnu tous les jours et ne pas savoir ce qu’il va ni t’arriver, ni se passer.

 

 

 

Enfin, l’arrivée sur Kerikeri. Je réserve mon bus pour le lendemain, demande un marteau au camping pour essayer d’améliorer la condition de mon talon dans mes chaussures ; sinon il faudra certainement que je passe par la case magasin…

Au moment de prendre le bus, il s’opère comme une transition, tes épaules se demandent pourquoi elles ne sont pas chargées, tes jambes se demandent pourquoi elles n’avancent pas mais globalement ton corps te remercie de lui accorder une pause. Je quitte les plages et les forêts du Nord et ai déjà l’impression qu’une petite page se tourne après 222km. Je souhaite repartir avec toutes mes capacités à 100%. J’ai 2-3 jours pour voir l’évolution du talon d’Achille et savoir s’il est nécessaire ou non de changer de chaussures.

À suivre…retrouvez quelques bonus et toutes les videos sur ma chaine you tube au lien suivant : Toutes les vidéos

16 commentaires sur “L’apprentissage”

    1. Ahah j’espère t’en faire faire quelques autres dans l’année à venir cousin!! Embrasse tout le monde pour moi! Et non t’inquiète je lâche rien, là je suis parti pour aller au bout!!

  1. Superbe parcours en forêt !. On te suit pas à pas, en imaginant bien le bonheur des découvertes inattendues et les contraintes de la marche forcée. Maintenant que tu as démontré ta bravoure, tu vas pouvoir profiter pleinement du pays et nous proposer une lecture plus sereine… BRAVO Amo, tu es le meilleur !.

    1. Merci tatie!! Le corps commence à s’acclimater à la rigueur des journées que je lui impose. Je vais avoir quelques jours devant moi pour vous donner des nouvelles très prochainement autour de Noël… Des bisous à tout le monde chez toi !!

  2. Hier j’ai lu la suite du feuilleton « Amo » avec plaisir, car tu nous rends toutes tes interventions, très agréable et « prenantes » comme les histoires d’aventuriers, sauf qu’il est question de notre Amaury. Tu es très courageux et tenace,
    deux qualités qui te viennent de tes parents, merci de nous
    faire participer, grosses bises à bientôt avec la suite du feuilleton. Nanou

    1. Ahah parfait!! Content que tonton suive l’aventure. J’espère qu’il aimera la suite. Pour les nouvelles, ce n’est vraiment que lorsque je peux avoir de l’Internet et pas mal de temps pour monter l’article… c’est à dire pas souvent mais j’essaye de faire au mieux. Je ne voudrais pas non plus être trop redondant et vous lasser donc ca me semble le bon créneau, ne mettre des choses que lorsqu’il y a du nouveau à raconter. Merci pour vos encouragements, ça va de mieux en mieux, je vous donne des nouvelles très bientôt !!

  3. Bien sûr je ne me suis jamais lancée dans des défis pareils, mais dans mes petites échappées du week-end j’ai pu ressentir ces petits plaisirs de la récompense au bout du chemin : l’arrivée après avoir transpiré à un point de vue magnifique, la sensation de l’eau fraîche sur des pieds meurtris ou bien une cerise « piquée » dans un arbre, quel délice !!!
    Merci Amo, nous sommes tous derrière toi et avec toi en pensée, et désormais nous attendons avec impatience la suite de tes péripéties. MM

    1. Merci tatie, oui je sais que tu connais bien la marche aussi! Tu sais il n’est jamais trop tard pour se lancer des défis ? Merci beaucoup pour les encouragements qui me permettent de garder ma motivation intacte!! Des bisous

  4. 7h00 pour Toi. J’imagine que tu dois être réveillé.
    Devant toi le Ruapehu (volcan encore en activité). Il doit être magnifique, mais il peut-être dangereux. Quelle envie d’y monter.
    Si la météo est bonne je ne serais pas surpris que tu y ailles. Apparemment dans la journée c’est OK.
    On ne va pas tarder à le savoir.
    Vérifie tout de même son état d’activité.
    Bon courage.
    Profites de tout mon fils.

    1. Oui effectivement mais la météo de cette fin de semaine n’est pas bonne et il est resté dans les nuages toute la journée. Je n’y monterai donc pas ce coup ci ? Mais j’en ai fait un autre bien sympa tu vas voir ?

  5. Cc poulet, j’espère que tout se passe bien pour toi, magnifique récit, j’ai l’impression d’être avec toi lol. Les fêtes approchent donc je te souhaite de très bonnes fêtes dans cet endroit merveilleux.
    Je n’ai pas de citation pour ce coup ci pas grave, on verra la semaine prochaine
    La biz

    1. Merci gros! Par contre il faudra 2 citations la semaine pro… Tu as dit un message une citation chaque semaine il ne faudrait pas que tu prennes de mauvaises habitudes!! Très bonnes fêtes à toi aussi!

    1. Merci tatie!! Oui effectivement, mais je vais quand même essayer de vous avoir!! 😉 À très bientôt !
      PS : les dernières nouvelles sont arrivées !! 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *