En forme

Lundi 12 février (44km – 200 D-)
Ce matin je me réveille très tard, 9h, parce que je me suis couché à 1h30 cette nuit, le temps de bien admirer les étoiles. La journée a été pluvieuse mais cette nuit le ciel s’est dégagé. Un observatoire est situé sur la colline d’à côté, un bon signe de clarté du ciel à cet endroit. Je ne savais pas si j’allais partir aujourd’hui en me levant, les prévisions annonçaient une journée sous la pluie. Aussi, lorsque mes yeux acceptent de s’ouvrir et découvrent un grand ciel bleu peint sur tout l’horizon, ma décision est prise. On ne gâche pas de si belles journées. J’en prends pas moins mon temps pour faire un bon brunch, prendre une bonne douche et paqueter mes affaires. Je sonne le départ à 12h. Je souhaite rejoindre un autre lac : le lac Pukaki, à l’entrée de la vallée du mont Cook. Le chemin suit un canal qui draine les eaux entre les lacs Tekapo et Pukaki. Le bleu cyan du lac glaciaire contraste avec la vallée alentour très sèche.

De loin, il me semble parfois retrouver le décor du désert d’Atacama. Les herbes se fondent avec les couleurs minérales de telle sorte que tu ne fais aucune nuance entre les deux. Un paysage semi-désertique règne le long du sentier aujourd’hui.

Toutes les conditions sont réunies pour parcourir une longue distance, hormis le vent incessant que j’ai de face toute la journée. Le vent est un élément qui te pompe littéralement ton énergie. Entre son sifflement ininterrompu dans tes oreilles, et ses rafales qui soit te bousculent soit t’empêchent d’avancer, tu termines ce genre de journée exténué. Tu ne souhaites qu’une chose, le silence complet. Du fait de mon départ tardif, je ne peux pas perdre trop de temps sur la route, et j’enchaîne les 44km sans pause, à l’exception de la cueillette de 4 pommes sur un pommier sauvage croisé en bord de route. Aussi, lorsqu’à mon arrivée au camping, un Australien assis à côté de son van me propose une bière, j’accepte sans rechigner. Il est 19h50 et je passe une petite demi-heure avec ce couple d’Australien, avant de lever le camp pour monter le mien un peu plus loin. Même fatigué, il te faut encore, monter la tente, gonfler le matelas, recharger en eau pour le lendemain, se nettoyer et se faire à manger. Ces journées où tu termines tard ne sont pas les plus reposantes mais elles te permettent d’apprécier le crépuscule et ses couleurs vives.

u Mont Cook

 

Mardi 13 février (15km – 1000m D+ / 1000m D-)
Je prends encore le temps avant de partir ce matin. Malgré le beau temps au-dessus du lac, le mont Cook est dans les nuages. Je décide tout de même de tenter ma chance. Je vais me poster un peu plus loin pour faire du stop, 50 km me sépare du sentier que je souhaite faire. Après 15 mn, un van s’arrête. Il s’agit d’un Français qui va aussi vers le mont Cook. Parfait! Les 50 km de route passent bien plus vite. Il doit rester au camping ce soir. Aussi, je finis par lui demander si je peux laisser mes affaires dans son van pour alléger mon sac à dos. Je n’ai pas besoin de longtemps pour savoir si je peux faire confiance ou pas, et je sais qu’il n’y aura pas de problème. La distance pour rejoindre Mueller hut n’est pas grande, mais le dénivelé est quand à lui important. De son côté, il ne se sent pas pour faire toute cette montée et préfère le chemin plat qui amène au bord des lacs. Je pars donc avec un sac allégé, il me semble presque pouvoir courir. La hut est annoncée entre 3-5h. Je l’atteindrai après 1h45.

Beaucoup moins fréquenté, ce chemin serpente au-dessus du lac Mueller et permet d’avoir une vue spectaculaire sur le mont Cook (lorsqu’il n’est pas dans les nuages), sur les glaciers alentour, sur les lacs glaciaires et sur la vallée. Tout simplement magique! La preuve en photos et en images.

Je comprends de plus en plus les sensations que doivent éprouver les grands alpinistes. Le sentiment de liberté, la beauté des lieux après l’effort et le nombre limité de personnes que tu croises en montagne et plus spécialement en haute montagne rendent l’instant unique. Ta vie est entre parenthèses, flotte dans un espace-temps infini. Le meilleur moyen de s’en rendre compte, est le moment où tu reviens dans la vallée. Tu ressens alors la chaleur qui t’enveloppe après avoir connu le froid extrême, le vent qui t’effleure après t’avoir bousculé et tenté de te faire chuter des parois. Tu ressens alors une protection totale quand quelques heures avant tu risquais peut-être ta vie.
Ici, la vie a suivi son cours, et tu as plaisir à retrouver ces habitudes, ce réconfort du quotidien. Tout simplement parce que dans ce laps de temps, tu as vécu des choses d’une intensité extrême et pris parfois certains risques. Cette adrénaline de plusieurs heures ou jours, redescend dans le petit sentier du bas de vallée réchauffé tout une journée durant par les rayons du soleil. Tu sais que tu ne risques plus rien. Tu viens de vivre une parenthèse de vie. Ce sentiment est incomparable avec le reste et je pense que la montagne est un des seuls endroits où tu peux aussi facilement le ressentir. Voilà je pense, ce qui explique que toutes ces personnes gravissent des sommets encore et encore. Depuis mon tout petit sommet, tout au long de ma longue randonnée et devant les panoramas qui s’ouvrent devant moi, je vis à plus petite échelle, ma parenthèse de vie. Libre et heureux!

Mais il faut bien redescendre. Les centaines de marches ont fait grincer mes genoux fortement aujourd’hui. Monter et descendre l’équivalent de près de deux fois l’Everest en moins d’un mois pourrait certainement être à l’origine de ces douleurs. Il va falloir que j’y fasse attention. En arrivant, en bas, j’attends que Rachid rentre de sa randonnée pour récupérer mes affaires dans son van. Aussi, lorsqu’il arrive à 19h, je me dépêche de faire mon sac pour faire du stop et essayer de revenir à mon point de départ de ce matin 50 km plus en aval dans la vallée. En effet, ayant déjà loupé l’anniversaire de la frangine, bloqué par une tempête dans une hut, je vais essayer de ne pas passer à côté de celui du padre. Cela me laisse 5 jours pour faire 153 km. Il ne faudra pas trainer et c’est pourquoi il faut que je revienne sur le TA au point où je l’ai quitté ce soir. Chanceux, après 5 minutes d’attente, une voiture s’arrête et peut me déposer à 3km d’où je suis parti ce matin. Déposé à 20h, je parcours 2 km et trouve un bon spot de camping où je m’installe rapidement. Les derniers moments de visibilité me permettent de faire le rinçage quotidien dans le lac, planter la tente et préparer à manger.

Encore une journée bien remplie.


Mercredi 14 février (43 km – 100m D+ / 100m D-)
Le temps est couvert ce matin, mais si je veux tenir mon timing, pas le choix, il faut avancer. J’ai donc prévu une grosse journée de marche et dois me ravitailler pour 5 jours après 11 km. Je prends une grande pause de 2h pour savourer les derniers ingrédients frais pour quelques jours. Puis repars pour 29 km que je parcours d’une traite. Les 10 derniers kilomètres longent le lac Ohau avec encore de superbes panoramas. Mais il ne faut pas s’y tromper, les journées de plus de 40 km sont longues, surtout après s’être ravitaillé en nourriture. J’essaye donc d’écourter au maximum. Lorsque j’arrive au campement escompté, je retrouve un Sud-coréen, croisé deux jours auparavant. Un petit monsieur gringalet qui ne paye pas de mine. Il parle un anglais approximatif, mais nous arrivons à échanger pas mal. Après que je lui indique d’où j’arrive, il me fait tendre ma gamelle pour me donner des prunes et pommes cueillies autour du lac. « you did a big day, enjoy ». Je m’en régale et lui donne à mon tour un de mes gâteaux secs restant de ce midi. Ce sud coréen ne paye vraiment pas de mine, mais il n’a de petit que sa taille car lorsqu’il me raconte un peu son parcours, c’est digne d’un grand homme. Déjà, il a 60 ans, et fait environ 25-30 km par jour. Il a eu son entreprise pendant 25 ans qu’il a revendu à 58 ans pour devenir guide de randonnée. Et surtout, ce gringalet a gravi l’Everest, plusieurs sommets de plus de 8000 m, le Denali en Alaska, le Kilimandjaro, des sommets dans les Andes…. Tout cela sans guide, avec un ami à lui. Il a appris les rouages de l’alpinisme dans les bouquins et a pour dernier de projet de gravir le second sommet le plus haut du monde dans 2 ans. Soit 62 ans. Il ajoute que ce sera le dernier, comme il a toujours dit avant chacune de ces ascensions. Cela me ramène à ma réflexion de la veille. Comment et pourquoi ces personnes sont prêtes à mettre leur vie en jeu dans de telles expéditions et recommencer encore et encore. Il m’exprime quelque chose d’à peu près similaire à ce que j’ai expliqué. Et l’euphorie des sommets le pousse à continuer. Ces récits d’alpinistes ont de passionnant, surtout lorsqu’ils sont fait par des autodidactes, le fait qu’ils racontent et décrivent des conditions et environnements extrêmes, où la mécanique du corps est guidée par un instinct de survie hors norme. Tu ne peux les comprendre sans l’avoir vécu et de ce fait, ils nourrissent ton imaginaire. Nous passons une bonne heure à en discuter, avant d’aller nous coucher. L’habit ne fait pas le moine.

Jeudi 15 février (39,5 km – 1300m D+ / 850m D-)
Lorsque j’ouvre les yeux à 7h, David (nom européen du sud coréen) est déjà parti. L’emplacement de sa tente est vide. De mon côté j’aime bien prendre mon temps le matin, surtout avant une longue journée. Je renoue aujourd’hui avec la montagne. Le chemin s’élève peu à peu au-dessus du lac offrant toujours de si beaux paysages.

Le temps alterne entre soleil et nuages mais ce qui va faire la difficulté de cette journée, c’est une fois de plus le vent. Toute la journée, de violentes rafales viennent te déstabiliser. Alors, lorsque tu es à flanc de montagne, en train de longer une pente à 30%, ou en descente ou sur un lit de rivière, tu as plutôt intérêt de bien ancrer tes appuis. Si les rafales étaient relativement espacées lors de l’ascension et de la descente du sommet, elles ont été ininterrompues tout au long de la traversée de l’énorme vallée Ahuriri, soit environ 8 km. Rafales,u un coup de face, un coup de côté, qui te font littéralement sortir de la trace. Juste pour montrer ce que cela donne en photos, des nuages de poussière projetés en pleine face.

Il me semble entendre ma mère m’avertissant à Tekapo « attention au vent mon fils, tu rentres maintenant sur la zone des 40ème hurlants et 50ème rugissants. » Effectivement, ça hurle et rugit très fort. Je n’en ai pas parlé mais le vent a aussi, lorsqu’il est aussi violent, un côté anxiogène. Naturellement, ton esprit n’est pas à l’aise et se focalise sur la nécessité de se sortir de cette situation. Tu ne sens alors plus ton sac à dos, plus aucun mal de pieds ou autres. La force de l’esprit sur le corps est saisissante. Pour ne rien faciliter, je dois traverser la rivière Ahuriri dont le lit est relativement large. Le vent rajoute forcément de la tension, surtout lorsqu’il est dirigé dans le même sens que le courant comme c’est le cas aujourd’hui. Toutes les conditions sont réunies pour te faire emporter. Depuis la colline surplombant le lit de la rivière, j’observe les rangées de rochers susceptibles de me fournir la meilleure ligne de passage. Dans la descente, je me rends compte que le lit offre un vrai couloir au vent. Je dois parfois m’arrêter pour résister à ses rafales ou ne pas prendre les projections de poussières et petits cailloux qu’il soulève. Ma concentration monte encore d’un cran. À la vue des conditions dantesques qu’il règne, et comme j’ai rattrapé et dépassé David peu de temps avant, je décide de l’attendre de l’autre côté de la berge pour lui indiquer la route à suivre et m’assurer qu’il traverse sans problème.
Après avoir préalablement détaché les sangles qui me lient à mon sac à dos, je me lance sur une section où l’eau m’arrivera à mi-cuisse. Je me fais littéralement arroser par les gouttes arrachées au flot de la rivière. Je me raidis au maximum pour résister à la force de l’eau sur la partie basse et à la force du vent sur la partie haute, d’autant que le sac à dos offre une prise au vent supplémentaire. J’avance prudemment mais rapidement et atteins l’autre berge sans frayeur.
Après 10 mn d’attente, et un séchage express, David apparaît sous des rafales toujours aussi puissantes. Ça ne doit pas lui faire trop peur après tout ce qu’il a dû voir, mais je préfère quand même m’assurer qu’il passera sans encombres. On a quand même plus les mêmes réflexes à 60 ans. Je lui indique la route que j’ai suivie, et après 5 mn, le voilà de l’autre côté. Il m’indique qu’il rejoint le plateau et qu’ils s’arrêtera là à cause du vent. Je continue donc la route et pousse 9 km plus loin jusqu’à une petite hut. Comme je m’attendais, les rafales ont diminué une fois la vallée passée et je peux profiter d’une bonne fin de journée au chaud et au sec dans la hut. C’est aussi cela être en nature, s’adapter aux éléments. Encore une belle aventure aujourd’hui, le TA n’en finit donc pas de me surprendre même après plus de deux mois. C’est ce que j’attendais de ce genre d’expérience, l’absence de grosse routine, des situations toujours changeantes te demandant une adaptation permanente.

Vendredi 16 février (27 km – 1600m D+ / 1400m D-)
Le challenge aujourd’hui concerne la deuxième partie de la journée. Toute la première partie s’est faite sur un chemin large et sans difficultés majeures. Le vent continue de souffler fort, mais comme le chemin n’est pas étroit, je peux m’en amuser. Par exemple, lorsque je l’ai de face en descente, je peux mettre tout mon poids du corps sur l’avant, je n’ai aucun problème d’amorti, j’ai simplement à dérouler le pied parce que je suis complètement freiné par ce dernier. Après 13 km, j’arrive à la première hut vers 11h20, dans laquelle je décide de m’arrêter pour manger. Je profite de l’abri pour me simplifier la préparation de mon repas. Sans trop attendre, je me lance sur la suite du chemin. Je rentre à nouveau en forêt, protection naturelle qui me permet d’être protégé du vent. Le tracé devient quant à lui technique. Tu longes la rivière dans des pentes abruptes obligeant tes chevilles à redoubler d’adresse et de flexibilité. Tu ne fais que monter pour redescendre pendant 10 km. Mais étonnamment, et bien que ces tracés escarpés demandent bien plus aux articulations que les chemins de plaine, je trouve pas mal de de plaisir à retrouver un peu de technicité dans la marche. Là encore, tu es concentré à 100% pour ne pas tomber, te faire une cheville ou un genou. Le temps file ainsi beaucoup plus vite. Après 3h30, j’arrive finalement au croisement indiquant la montée vers la hut située 2km plus loin et 500m plus haut. En face, c’est un mur qui se présente. Tu sais que tu vas en baver pour bien terminer ta journée déjà riche en dénivelé. J’atteins la hut (stodys hut) après un peu moins d’une heure d’efforts. Je sens que je suis en forme car même après de telles journées, mon corps continue de bien répondre.Je décide cependant de m’arrêter là. J’ai appris qu’un triathlon a lieu samedi à Wanaka et tout est booké. Cela ne me sert donc à rien de pousser ce soir pour arriver un jour plus tôt. Je n’avais pas encore fait de hut aussi ancienne et authentique. Elle est faite de tôles reliées sur une charpente et des poteaux en bois noircis par le foyer. Ce dernier ne doit pas tirer grand-chose tant l’air arrive de toute part. Certainement un très bon repère pour faire de la viande fumée. Un semi-tronc partiellement calciné a été laissé au pied de ce dernier. Le sol est à l’état naturel : terre et pierre en place. Il est recouvert à certains endroits par des sacs en tissu. « L’isolation » ou tout au moins le matériau ayant vocation à conserver un peu de chaleur est percé de tous côtés, lorsqu’il est présent. Mais bien que l’endroit soit sombre et peu accueillant il m’offre l’avantage d’avoir un toit ce soir que je n’aurai pas besoin de faire sécher demain. Dernier détail, je ne suis pas seul ce soir, des souries rôdent au bord des lits. Ce soir, la nourriture sera donc suspendue. Bref, un vrai repère de chasseur, avec les balles usagées suspendues sous les poutres me permettant d’avoir un cadre authentique.

Samedi 17 février (33 km – 670m D+ / 1500m D-)
Au réveil, les yeux encore fermés, une symphonie se joue au-dessus de ma tête, sur les tôles de la hut. Le genre que tu n’aimes pas entendre avant des journées de marche. Je la laisse donc me bercer sans bouger pendant de longues minutes. Après avoir atteint sa note la plus haute, le ton redescend peu à peu, jusqu’à devenir presque imperceptible. C’est le moment où mes yeux acceptent de s’entrouvrir. En sortant voir l’état du ciel, les nuages sont épais mais relativement hauts. Je prends mon petit-déjeuner lentement, le temps de laisser l’orchestre terminer sa partition et pari sur la fin du spectacle après ces dernières notes. Lorsque le bruit cesse complètement, je termine de préparer mon sac et met les gaz. La prochaine hut est à 13 km. Difficile de débuter ta journée en montée. D’autant qu’elles sont généralement intenses en Nouvelle-Zélande. Mais après avoir atteint le col, le chemin suit les arêtes, me permettant d’avoir, une fois n’est pas coutume, des vues des montagnes alentour sous les nuages.

Les collines autour de moi, me font penser au massif Centrale. Elles sont arrondies et recouvertes d’herbes sèches. Mais je ne m’attarde pas trop ce matin, le ciel est toujours aussi menaçant et l’humidité présente sur mes mains gèle. Même en forçant le pas, le rappelle du public a été trop rapide. Les nuages sont descendus et tu ne vois plus que 10 mètres devant toi. Je prends la saucée mais ne ferai que 20 mn de marche sous la pluie avant d’arriver à la hut. Pas pire. La suite du chemin descend 1000 m sur 3 km, le long d’arêtes. Autant vous dire que ce n’est pas avec ce temps que j’ai envie de m’y lancer. Je décide donc d’attendre de voir comment le temps va évoluer. J’échange avec un Américain qui reste la journée dans le hut. Je prends un snack puis me prépare mon repas. Après une heure et demie, les nuages remontent, puis 30 minutes plus tard disparaissent complètement. Je suis passé des marques de givre sur les mains, à la pluie intense puis au grand soleil avec ciel bleu totalement dégagé en l’espace 2h30. Quand je vous dis que le temps change vite ici, ça en est encore la preuve. Plus que jamais le maître mot ici est : qui sait patienter pourra profiter. Après une sieste rapide pour être certain que ce temps tienne, je me lance donc dans cette descente à pic. Certains endroits doivent carrément être abordés en désescalade. Mais une fois de plus le décor est extraordinaire.

Je surplombe le lac Hawea dont les eaux turquoise contrastent avec les flancs des montagnes qui le jonchent. Les flancs sont tellement raides, que tu pourrais presque tenter un plongeon de 500 mètres dans le lac.

Après 1h30, j’atteins les berges du lac que je vais contourner. De nouvelles perspectives magiques, presque complètement dénuées de touristes. Une vraie chance tenant compte de la beauté du lieu. Elle me vaut plusieurs petites pauses le long de mon parcours pour en apprécier tous les aspects. Interdiction formelle de camper ici, dommage, j’en aurai fait mon spot sinon, mais les maisons alentour veillent. Alors, je laisse ce décor derrière moi pour rejoindre un pont à côté duquel je sais pouvoir planter la tente. Il ne me reste plus que 15 km à faire à plat demain. Presque un décrassage pour arriver sur les berges du lac Wanaka, dans la ville portant le même nom.

Mission accomplie, j’aurai parcouru 186 km en 5 jours de marche, je suis à l’heure, voir un peu en avance pour fêter l’anniversaire du padre demain.

Dimanche 18 février (15 km)
Aujourd’hui, je rejoins Wanaka ou je vais faire un break pour préparer un peu la suite du voyage (achat des billets d’avion, suite des aventures en Nouvelle-Zélande) et réparer un peu les affaires qui commencent à souffrir. Pour les chaussettes, ce n’est pas dur, elles ont une garantie à vie. Il m’a donc suffit de passer la porte du magasin pour en avoir des neuves en montrant les trous apparus. Je suis devenu sacrément bon en couture cela dit en passant. Pour les chaussures, il va falloir rafistoler un peu avec un peu de couture sur les côtés. Bref de quoi terminer les derniers 400 km. Rien de passionnant, mais une partie intégrante d’un voyage. L’avantage est de pouvoir faire tout cela dans un sacré décor. Si tout va bien les prochaines nouvelles seront donc avec une photo du panneau finish et entre-temps, je vais tâcher d’éviter le cyclone qui a détruit la Nouvelle-Calédonie et qui se dirige maintenant vers la Nouvelle-Zélande. Je risque donc de passer 3 jours à Wanaka. Rassurez-vous, le cœur devrait être plus au Nord vers Wellington et j’ai une tente super solide ?

31 commentaires sur “En forme”

  1. Merci Amau, tu t’en es vu pour être à l’heure pour mon anniv. Bravo pour ça et surtout sur le fait d’y avoir pensé. Je ne t’en aurai pas voulu de l’oublier car j’aurai compris que tu ais pu avoir d’autres intérêts.
    Bon, encore un parcours magique. C’est vraiment superbe.
    L’air de rien du te rapproche du bout.
    Si tu étais monté sur le mont Cook, et que tu ais soufflé un peu sur les nuages tu aurais probablement vu la pointe sud.
    Bonne continuation et fais gaffe au cyclone. Gares toi bien si tu es en montagne.
    Bises

  2. Cc poulet, encore une fois tu nous fait voyager, mais je me demande si tu ne vas pas finir poète ou écrivain. En attendant, tu avales les kilomètres à vitesse grand V et c’est tjrs aussi impressionnant. J’espère que la météo sera avec toi pour la suite de ton parcours et que le vent ne sera pas trop de la partie.
    Aujourd’hui ce ne sera pas un mais deux proverbe, oui tu es chanceux lol (j’en ai un dans le même style que celui du dernier message mais je te le garde sous le coude pour plus tard)
    Celui là teste le et dis moi:
    Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ?
    Pour finir, un proverbe chinois dit que lorsqu’on a plus rien à dire, on cite un proverbe chinois

    1. La grande classe, deux proverbes d’un coup! Et toujours aussi fins ? Merci gros pour les encouragements de chaque semaine!! La bise et je t’appelle avant la fin ?

  3. Salut amo. Et beh !… quel ouvrage !
    On voit que tu n’es plus dans le détail de certaines contrariétés de depart : Tu evoques les bornes par dizaines avec une telle facilité c’est dingue !
    Elles sont bien là mais ton mental n’en tient qu’à peine compte pour profiter au maxi, c’est énorme.
    Go Amo …. bises.
    (En te voyant sur ces montagnes je me dis que tonton Gilles A. doit là où il est te suivre de bien prêt avec le sourire en coin de la fierté !)
    Manu

    1. Merci Manu, effectivement j’essaye de rester focus sur le chemin en avant en trouvant de l’intérêt dans les découvertes faites chaque jour! C’est sûr qu’il doit avoir un petit sourire en coin se disant, il est vraiment en train de le faire ce con là ! ? Il y en aura à raconter ?

  4. En premier, j’espère que le cyclone ne t’a pas « rattrapé ».
    Nous verrons cela dans ton prochain message. Encore une
    fois tes photos sont fabuleuses et le texte qui nous explique
    tout çà est très prenant, merci. Mais il ressort malgré tout
    que tu es souvent (en montagne c’est normal) sur le « fil du rasoir », donc -méfio tai-, je ne connais pas l’orthographe de
    l’occitan…. Gros bisous, à bientôt à te lire.
    NANOU

    1. Effectivement tatie, c’est arrivé ? mais ça y est les étapes de montagne sont derrière moi ? ça ne veut pas dire que les conditions seront meilleures maintenant, je suis très proche des fjordlands (région la plus humide de NZ) et il n’y a plus de montagne pour me protéger des nuages qui approchent ? Ça promet de belles dernières étapes ! Des bisous

  5. Coucou Momo,
    Je me régale avec tes récits. Je suis impressionné, outre les km avalés chaque jour, par le fait que tu ne perds jamais ton chemin et que tu te débrouilles pour toujours avoir de quoi manger, donc des bouteilles de gaz pleines ! Y a des magasins en montagne là bas? T’as un super GPS de rando? c’est quoi le secret?
    Ces dernières photos sont magnifiques, j’adore les lacs. Dommage que tu n’aies pas de canne à pêche pour nous montrer les magnifiques truites qui doivent y nager.
    Bonne continuation, profite de chaque instant, pense à nous qui sommes carencés en vitamine D à force de rester sous les néons toutes la journée…
    Grosses bises

    Bises

    1. Salut, le mieux pour répondre est de savoir exactement à qui l’on parle. Par conséquent, il faudrait s’il te plaît m’expliciter qui es-tu Rick Maroni le pêcheur ? Merci et désolé ?

    2. Salut Eric!! Desole mes avec le pseudo je n’avais pas reconnu 🙂 Merci beaucoup pour ton message et soutien 😉 Pour repondre a tes questions, j’ai un gps dans lequel j’ai importe le trace + une appli sur mon tel. Cela n’a pas empeche de tourner a deux trois endroits mais jamais rien de trop long 😉
      Et oui effectivement il faut bien gerer les repas et donc le gaz car non il n’y a pas de quoi en acheter dans la montagne… seules les petits villages ou apres villes bien sur par lesquelles je suis passe en ont! C’est bien sur ce qui rajoute un peu de planification a ce genre de voyage 😉
      Tu serais au paradis ici pour la peche, j’en ai vu pas mal durant le periple et avec le nombre de riviere sauvage que j’ai traverse a n’en pas douter, tu te ferais un festin chaque jour 😉
      T’inquiete, je pense souvent a vous sous les neons, surtout lorsque j’etais au soleil (soit 99% du temps0 😉 )
      Des bisous gros!! et encore merci pour le soutien!!

  6. On a eu Daniel et Loulou samedi soir et il y en a un qui m’imagine bien les yeux fermés à chacune de tes avancées!!!! Quand il aura lu le dernier épisode, il n’a pas fini de moquer mon côté Mère juive!!! Détrompez-vous les garçons, récit captivant sur parcours stupéfiant c’est aussi le bonheur de savoir que tu vis avec appétit et gourmandise le rêve de tes bientôt !!! (ne râle pas j’ai bien dit bientôt) 30 années de course terrestre. Continue mon Fils car « l’être d’un Etre est de persévérer dans son être » Baruch Spinoza.
    Et tant qu’à faire, j’espère également que cette expérience t’aura permis de commencer à combler en toi même la plus grosse lacune de notre intelligence de l’histoire!!! En es tu arrivé là ?
    Alors que je compte me lancer dans « la 6ème extinction » d’E Kolbert, je te redis, vis, vis pleinement, contemple respectueusement, profite prudemment. Continue bien et à +.

    1. Non pas encore arrivé à ce passage. Je pense que je le relirai d’un trait le bouquin, parce qu’il a été difficile de conserver une lecture régulière. Tu me diras ce que donne celui de Kolbert… T’inquiète, c’est bien là mon intention ? être ce que je suis et y persévérer encore ?

  7. A peine plus de 200km à faire.
    C’est comme si tu avais fini.
    Laisse passer ce final Néo-zélandais en douceur pour faire sas de décompression.
    Quoi que tu fasses après, ça ne pourra pas avoir le même sel.
    Profites, profites, mon fils

    1. Yes, en fait, c’est encore 330km jusqu’à l’arrivée. Mais les grosses étapes de montagne sont maintenant passées et le parcours devient plus roulant… Pas plus de 1000m en dénivelé par jour ? Yes, ralentir mais pas trop pour garder le cap et la motivation ? . J’ai fais de plus petites étapes sur les dernières montagnes pour en profiter un max !?

  8. salut amo qu elle magnifique aventure, tu en auras de belle histoire a nous raconter pour nos vieux jours cela me fait penser a la chanson de richard gotainer  » les trois papis » (gilou andre cece ) pensons bien a toi te souhaitons une fin de parcours animée gros bisous marie cece

    1. Merci Patrick et Marie!! On va pouvoir se faire effectivement un bon débrief, un weekend de vendange… Heu pardon, de bouffe et boisson, pétanque et chansons ? des bisous à vous!

  9. Tu dois être en stand-by pour quelques jours, tu vas te réhabituer à la proximité des « gens » (en fait je ne sais pas si l’endroit où tu es, est une ville ou un village), donc repose-toi bien et dans l’attente de te lire, Bisous NANOU

  10. Salut Momo!!
    Bon ça y est je commence à prendre ma carte d’abonnement au Amomagazine 😉 c’est cool d’avoir des nouvelles (récits et photos) et de sentir le plaisir que tu as de vivre ces moments « extra »ordinaires et de prendre le temps de les vivre. C’est une des choses que je remarque en te lisant, le temps semble ralenti pour pouvoir vivre le moment présent (chaque paysage, chaque journée, chaque repas et chaque rencontre) 🙂 Et merci pour me faire voyager dans l’espace et le temps, qui me rappelle des souvenirs en reconnaissant certains lieux , et me rappelle qu’il va falloir reprendre les chemins pour revivre une « parenthèse »!! 🙂
    Petite anecdote : j’ai un pote aveyronnais qui est en nouvelle-zélande aussi et qui était au mont cook il y a une semaine ou 2, si tu le croise il s’appelle Marc et il a un peu le même style que toi (pas grand chose sur le crane et la barbe ;))

    Profites bien de ta fin de parcours en NZ!! la bise

    1. Salut Quentin!! et merci! Tres content que tu suives le periple et surtout que l’energie qui s’en degage donne envie de partir sur les chemins (meme si je pense que dans ton cas, tu es deja un converti 😉 ). Si tu as besoin de conseils dans ta prepa, il ne faut pas hesiter!! Et puis j’espere bien continuer a questionner ta curiosite dans la suite du voyage!!
      Encore merci pour tes messages et soutien tres apprecie!! et a tres bientot gros!

  11. Apparemment en fait de quelques jours de repos tu as mis les bouchées doubles, si je lis
    bien ton trajet tu PEDALES, tu PEDALES…. a bientôt Bisous NANOU

  12. Cc poulet, retour aux affaires pour savoir comment vas? Je pense que tu ne dois pas être trop loin du but je me trompe? Combien il te reste avant la fin de l’île sud et le départ pour ta prochaine destination?
    En attendant de tes news tu connais notre pari, la petite citation et celle là va prendre tous son sens quand tu dors dans ta tente seul
    Si au réveil tu as 4 testicules, ne te prends pas pour Hercule, c’est quelqu’un qui ….. ( je te laisse le mot de la fin vieille branche) ?.

  13. Un dernier coup de rein et tu y seras.
    Cela me fait tout drôle que tu sois « déjà » au bout.
    En avance de trois semaines sur tes prévisions.
    Extraordinaire.
    Bravo

  14. Yala Fiston. Il semble que le bout turbule!!! un peu!!! Le TA n’est pas vraiment réputé pour économiser les organismes. Evite de passer de peu à beaucoup en un rien de temps et remenber tout est une question d’équilibre : la Terre serait plus proche du Soleil, on serait brûlé, elle serait plus loin, on serait gelé. En attendant belle arrivée à Bluff où tu auras poussé la charrue jusqu’au bout du champ et alors : « quelle belle chose lorsque dire et faire s’accordent » Montaigne.
    Merci encore pour ta délicatesse et ton attention : l’écoute de ton entrée en forêt à pas rythmés pour mon entrée dans la 6 ème décennie aura été un cadeau insolite et un très beau cadeau. BIZ et à +.

  15. Au point du jour de ce 8 mars 2018, on vient de s’écrier avec Pep’s : Ouais, ça y est. Il y est. Il a fait. Alors simplement BRAVO, mille fois BRAVO AMO. BIZ +++.

    1. Merci!!! 😉 Il y a toujours un gap entre la theorie et la pratique, mais l’on ne m’a pas appris a faire les choses a moitie 😉

  16. On pause. On respire. On se ressource avant de reprendre le chemin à l’envers. Belle pause au Sud de l’Ile de Jade. BIZ et à +

  17. BRAVO BRAVO mille fois, tu réalises ton rêve, mais tu nous a fait à travers tes messages
    participer de telles façons que NOUS Y ETIONS (il nous en manque un peu) donc à bientôt pour la suite, mais surtout bravo pour ton courage et ta ténacité et ton lyrisme et ta bonne
    humeur et surtout toi . A bientôt NANOU

    1. Merci tatie aussi pour tes encouragements continuels!! Ca aura vraiment ete moteur pour moi! Et si en plus tu as pris du plaisir a lire les recits et bien j’en suis encore plus heureux! A tres bientot effectivement pour les prochaines aventures!! Gros bisous!

  18. Super Amo, pour l’exploit sportif, pour l’esprit, pour la générosité de partager chaque instant avec tous. On dit souvent « loin des yeux, loin du cœur », belle connerie… quand je te lis, j’ai toujours l’impression que c’est avec une main sur ton épaule ?. Bon, le premier chapitre est terminé, chapeau !!! Dis nous un peu quand est-ce que tu prends l’avion… et vivement les prochaines aventures d’Amo. ? Bisous, bisous.

    1. Merci cousin!! Il me reste encore un petit mois sur l’île du Nord avant de prendre l’avion pour 2semaines en Floride, après quoi le grand périple en van à travers l’ouest de l’Amérique du Nord commencera ! ? L’avebture continue donc!!

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